Après quatre belles semaines passées à Yangshuo, nous commencions à bien connaître l’endroit, avoir nos petites habitudes et un petit cercle de potes grimpeurs. Il était donc temps d’aller prendre l’air ailleurs.
Nous empaquetons difficilement, façon Tetris, toutes nos affaires dans nos sacs à dos et partons pour Getu, un minuscule village de la Province voisine, celle de Guizhou
Sur la route
Depuis l’aéroport de Guiyang, six heures de trajet et trois bus différents nous séparent encore de notre destination. A nouveau, personne ne parle ni ne lit l’anglais. Il ne nous reste plus qu’à déchiffrer le nom des villes écrites uniquement en caractères chinois, par lesquelles nous devons transiter. Nous avions heureusement leur traduction imprimée sur papier. De plus, les Chinois, voyant nos têtes d’étrangers perdues au milieu de ces sinogrammes, nous ont la plupart du temps aidés du mieux qu’ils le pouvaient en nous guidant soit par des signes ou des gestes sur le bon chemin.
Notre séjour en Chine nous aura donc permis de développer une belle gestuelle et de devenir très imaginatif pour nous faire comprendre sans parole. Toute une histoire par exemple, pour demander au chauffeur de patienter une minute à cause d’un besoin très pressant qui n’attendra pas les deux prochaines heures de bus nous séparant du prochain arrêt. Sauvée du pire, après quelques mimiques très gracieuses de Jim et moi, le chauffeur rigole un coup, me montre la direction des toilettes et éteint le moteur pour quelques instants.
À la nuit tombée, le bus qui roule à toute allure en dépassant d’un coup de klaxon suivi d’un écart les scooters et motos qui roulent sans phare, nous dépose enfin à Ziyun, ville de la dernière chance avant le bout du monde où nous nous rendons. Nous y passons la nuit, faute de bus pour Getu.
Cette fois on y est!
Les semaines précédentes, la plupart des grimpeurs rencontrés qui connaissaient Getu, nous avaient déconseillé d’y venir à cette période à cause du froid, nous décrivant l’endroit comme « mort de chez mort ». Le tableau était peint d’avance, on était prévenu.
Au petit matin, nous quittons la ville à bord d’un minibus qui nous transporte au cœur d’un décor rural, à travers montagnes et rizières, jusqu’à son dernier arrêt: un village fantôme, où un brouillard à faire pâlir un mort enveloppe les maisons et les hôtels qui paraissent abandonnés.
Pas un bruit dans le village, seulement une poignée de villageois piochant par-ci par-là dans leur champ. Ça y est, on est au bon endroit. Et je sens déjà au souffle glacial qui s’engouffre au moment d’ouvrir la portière du bus, que je ne vais faire plus qu’un avec ma doudoune ces prochains jours.
Un vieil homme avec un large sourire, nous accoste pour nous proposer le gîte et le couvert dans son auberge, le Spiderman Restaurant. Dans notre chambre, le même froid de canard. La salle de bain sans eau courante, équipée de toilettes turques sur lesquelles on ne préfère pas s’attarder, manque également un petit peu de charme. La femme qui tient l’auberge nous montre ensuite, également avec un grand sourire, une bassine d’eau et une casserole en guise de douche. Par contre, contraste pour le moins étrange, la chambre est équipée d’une magnifique TV écran plat, plus belle que celle que j’ai à la maison.
On commence déjà à faire nos pronostics sur le nombre de jours qu’on va tenir à Getu. Heureusement, la bonne humeur et l’accueil chaleureux de la vieille femme qui nous héberge réchauffent l’atmosphère, et suffisent à maintenir notre sourire et notre motivation.
Dehors, le soleil pointe gentiment le bout de son nez et on découvre peu à peu le village. Celui-ci semble être resté figé à une autre époque. Les paysans cultivant uniquement à la main leurs champs ou à l’aide de leur buffle d’eau, nous saluent très amicalement, bien qu’un peu étonnés de rencontrer des Européens. De même pour les petites vieilles toute fripées portant sur leur échine, des fardeaux aussi grands qu’elles. En croisant notre chemin, les enfants s’approchent tout d’abord timidement, puis nous lancent des dizaines de « hello, hello » en agitant leur main. Les caquètements incessants des poules qui picorent dans tous les coins, se mélangent aux klaxons des motos sur lesquelles s’empilent parfois une famille entière. Ce paysage qui paraissait bien gris au premier abord, prend soudain de la couleur. Les jours suivants, la température est beaucoup plus clémente et le soleil régulièrement avec nous 🙂
Et au coeur de Getu, la grande arche
Le lendemain, réveillés par les cocoricos de la volaille qui peuple le village, nous nous mettons en route pour la grande arche de ChuanShang, une grotte gigantesque qui fait la renommé du lieu, se dressant au centre du parc national bordant les dernières maisons.
Après une traversée en barque de la rivière, reste encore à se farcir près de 1500 marches d’escaliers pour parvenir au pied de l’arche. De quoi faire chauffer nos mollets!
Le parc naturel est malheureusement en pleine expansion touristique. Déjà aux portes du parc, on découvre l’ébauche d’un grand centre hôtelier et de belles affiches, promesse d’une future destination pour le tourisme de masse.
Sous l’arche, le site a commencé à être aménagé pour recevoir des visiteurs. Les dégâts ne sont pas encore trop importants mais certaines voies sont devenues impraticables, deux cabanes en bois ayant été construites devant la falaise. Espérons que la cohabitation avec l’escalade restera possible une fois leur projet terminé.
Malgré ces quelques inconvénients, l’arche n’en perd pas de sa splendeur. Il suffit de lever la tête pour perdre pied dans cette immense voûte vertigineuse, composée d’alvéoles et de colonnettes. Les voies offrent une qualité de rocher exceptionnelle, mais ces sortes d’alvéoles, plates et lisses structurant cette paroi grise, rendent les voies difficiles à appréhender. En clair, on se prend une belle baffe dans nos premières voies 😉 Mais c’est surtout beaucoup de plaisir d’évoluer dans des voies très esthétiques, avec de beaux combats à la clef!
Les autres secteurs de la région valent également le détour. Nous avons particulièrement aimé la grotte de Banyang et ses voies dures sur un mur gris et orangé. Jim s’offre alors trois 8a, dont un à vue. Quand à moi, je sors les deux 8b de cette falaise.
Chaque soir, la femme qui tient l’auberge nous prépare de bons petits plats à base de viande, d’œufs et de tofu qu’elle produit elle-même, toujours accompagnés de riz bien entendu. Délicieux, même si j’ai l’impression que je vais bientôt me transformer en riz à force d’en manger du déjeuner au souper.
A côté de l’escalade
Rendu populaire jusque dans nos contrées pour ses falaises d’escalade, Getu est avant tout un site réputé pour son parc naturel, qui recèle de coins à découvrir et de belles balades pour tous ceux qui possèdent une âme d’explorateur.
La fin d’une étape
Après une immersion dans une culture tellement différente de la nôtre, on dépose finalement nos baguettes, notre séjour en Chine prend fin. Et c’est direction la Thaïlande, la tête remplie de nouvelles images, de couleurs, de visages et de sourires que le voyage continue !
Un dernier mot concernant nos meilleures perf’ depuis mon dernier article : Jim a sorti deux 8a à Yangshuo et trois 8a à Getu (dont un à vue). Trois 8b pour moi à Yangshuo, deux 8b et deux 8a (un à vue également) à Getu.
Encore un grand merci à tous ceux qui nous suivent de près ou de loin et à chacun de vos messages qui nous motivent pour la suite !!
A tout bientôt,
Kat.
tres bon article, magnifiques photos, cela me rapproche de la chine centrale pour un retour aux sources.
Très bon article. Magnifiques photos et sans doute un retour aux sources pour moi.
Choong Chiew Loke
Merci beaucoup!!