Après une longue traversée au-dessus de l’Océan Atlantique, nous posons pied sur le Continent africain, plus précisément à Johannesburg, ultime destination avant notre retour en Suisse. Délestés d’un de nos bagages resté en orbite dans l’univers des valises perdues, nous bouclons nos ceintures pour faire route jusqu’à la bourgade de Waterval Boven. Nous y sommes accueillis chaleureusement par Alex et Gustav de Roc n’ Rope Adventures, qui en plus d’une mine d’informations pour notre séjour, nous remettent les clés de notre gîte qu’on partage avec quatre grimpeurs, ainsi que quelques dégaines et habits pour dépanner Jim qui n’a pas plus qu’un slip, un jeans et un t-shirt pour pester contre South African Airways.
Malgré la chaleur amicale des villageois et le soleil qui inonde la vallée durant les courtes journées hivernales de l’hémisphère sud, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer les grands portails de fer et barbelés où se murent les habitations aux fenêtres barricadées et aux portes cadenassées. Une vision oppressante teintée d’amertume qui plane dans le village, telle une mise en garde contre un climat d’insécurité. Mon téléphone portable, après 6 mois de vadrouille à travers le monde n’aura d’ailleurs pas triomphé de cette dernière étape, prenant la poudre d’escampette dans des circonstances qui auront âprement marquées notre insouciante imprudence. Comme un coup de fouet qui nous fit retomber sur terre, ce n’est cependant pas la criminalité qui ternit la réputation du pays que nous retiendrons, mais au contraire les sourires et les signes de mains des enfants du township, les rires et les cris d’humeur des villageois qui s’esclaffent, jouent au football, dévalent les rues musique plein tube à bord de leur voiture pimpée ou encore le fumet alléchant des poulets grillés au barbecue.
Notre première mésaventure vite oubliée, nous quittons au petit matin le village, impatients de découvrir notre nouveau terrain de jeu. Rebondissant sur nos sièges comme des gazelles, nous cheminons le long d’une route chaotique de poussière rouge pour un rodéo d’une dizaine de minutes, manquant d’y laisser quelques plumes au coin de certains virages, quand un face à face nous rappelle brutalement que la conduite ici se passe à gauche. Nous pénétrons au cœur de la brousse dans un espace sauvage pour atteindre le sommet d’un plateau, au bord duquel le précipice dévoile une longue barre rocheuse d’un grès orange vif qui s’étale sur plusieurs kilomètres. La vue est imprenable !
Repérés chaque matin par les trois chiens de la ferme environnante, nous descendons aux gencives des falaises en leur compagnie, là où se dresse une forêt dense d’où s’échappent les chants d’oiseaux entrecoupés par les cris stridents, parfois effrayants des singes. Par contre, pas un chat au pied de la paroi, la falaise est à nous !
Pas le temps de poser un devis, nous savons déjà que l’endroit va nous plaire. Les voies sont verticales, lisses et techniques, hachées de nombreuses fissures et réglettes exigent souvent de longs mouvements, un travail de pied précis avec en bonus pour certaines, un toit abruptement horizontal.
Le weekend, l’appart’ se mue en un melting-pot de nationalités différentes, mélangeant grimpeurs d’ailleurs et locaux de Jo’burg venus pour le weekend. Histoire de se dépayser encore un peu plus, nous partons deux jours à quelques 200 km de Waterval Boven, sillonner le fameux parc Kruger, la plus grande réserve animalière du pays. Planqués derrière notre pare-brise, une paire de jumelles sur le nez, un appareil photo dans les mains, nous admirons parfois à une poignée de mètres de distance les éléphants, girafes, rhinocéros, hippopotames, antilopes ou encore zèbres. Et même si les félins, vedettes du parc, se sont faits attendre, le décor lui, ne déçoit pas !
Mais l’Afrique du Sud ce n’est pas que la brousse, Timon et Pumba! Camouflé aux tréfonds des montagnes et des étendues boisées, nous clôturons notre trip par un crochet à travers Blyde River Canyon, le 3ème plus grand canyon au monde.
19h15 nous embarquons pour notre dernier vol. Notre aventure à travers le globe touche à sa fin et de ma passion pour l’escalade, une seconde est née, celle de voyager. Durant ces sept mois, chacune des voies que j’ai grimpées fut un voyage, m’apportant tout comme chaque pays son lot d’émotions, de l’appréhension de l’inconnu à l’épanouissement de l’objectif atteint. Aucune ascension tout comme aucune journée ne fut semblable à la précédente. Plus qu’une course aux résultats ou qu’une recherche constante de performance, je me suis régalée de chaque mouvement, chaque instant. Ne dit-on pas d’ailleurs que l’important n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même?
Parce qu’après tout, si l’entraînement et les compétitions font partie intégrante de ma vision de ce sport, il est plus important encore de ne pas perdre sa passion. Des buts ont été atteints, un rêve s’est réalisé et m’auront enseigné qu’il n’y a pas d’objectif trop fou ni de rêve trop ambitieux.
Nous en revenons finalement trimbalant le même sac à dos, avec pour seule impalpable fortune des centaines d’images, de couleurs et de moments inoubliables. Des visages rencontrés, des manières de vivre étranges ou des attitudes loufoques, elles nous auront apportées du bon pour les meilleures d’entre elles, des leçons de vie ou visions différentes pour les autres. Car nous ne sommes finalement que la somme de nos expériences, ce voyage fait désormais parti de notre identité.
5h55 dernier atterrissage, nous sommes à Francfort. La boucle est bouclée.
Encore un grand merci à ceux qui ont suivi de près ou de loin nos aventures, à vos messages, vos pensées. Des sommets enneigés du Japon, aux déserts arides d’Amérique, la grimpe m’aura donné la passion de voyager que j’espère vous avoir fait partager.
À très bientôt,
Kat.
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Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet
Merci Elsa, c’est très gentil!
Article fort sympathique, une lecture agréable. Ce blog est vraiment pas mal, et les sujets présents plutôt bons dans l’ensemble, bravo ! Virginie Brossard LETUDIANT.FR
Merci beaucoup Virginie!!