7 décembre 2016. Cette année nous avons renoncé à la dinde aux marrons et aux chants de Noël pour nous exiler à une poignée d’heures du bercail sous le soleil du sud de la France, à quelques dizaines de kilomètres d’Aix-en-Provence. Truffé de sites d’escalade, nous avions découvert ce bout de pays lors d’une visite éclair en nous promettant d’y revenir.
N’ayant plus touché de cailloux depuis plusieurs semaines avant notre départ, les crocs étaient longs. Comme des enfants le jour de Noël, nous parcourons la région à la verticale en dévorant les mètres, soufflant le temps d’admirer la beauté des paysages, des châteaux et des villages en pierre typiques du coin. Jim s’étant blessé la cheville quelques jours avant notre départ histoire de pimenter le voyage, nous renonçons toutefois à certains sites aux approches plus escarpées et aux voies de plusieurs longueurs pour privilégier les couennes aux accès faciles (ce qui ne fût pas un grand sacrifice pour moi 😉 ).
Nous commençons tout d’abord par balader notre sac à pof du côté de Lourmarin, un bout de rocher qui ne paye pas trop de mine de prime abord mais qui dissimule de superbes voies dans un méli-mélo de colos, trous et fissures.
Nous ne pouvions pas manquer de nous arrêter également à la magnifique falaise de Buoux, dont la renommée de ses voies verticales très techniques, exigeantes et parsemées de trous dépasse nos frontières.
À deux petites heures de là, nous rendons ensuite visite à des amis de Jim qui nous accueillent chaleureusement quelques jours le temps de nous remplumer. Située aux tréfonds d’une forêt de châtaigniers, la charmante petite maison de pierre d’Elsbeth et Henri se trouve à notre plus grand plaisir près de la falaise de Seynes.
Cette longue barre rocheuse légèrement déversante a toutefois subi le poids des années et des nombreux passages de grimpeurs venus user la gomme dans ce temple de colonettes. Malgré ces quelques rides et des premières longueurs souvent bien polies, les colos qui semblent s’étendre jusqu’au ciel emmènent le grimpeur dans un voyage vers l’infini !
Après quelques jours de farniente soignés aux petits oignons par Elsbeth et Henri, nous retournons du côté de St-Léger du Ventoux pour retrouver des amis suisses et français venus pour les vacances de fin d’année. Je vous épargnerai une tartine de mots sur ce site d’escalade également très connu, mais pour les grimpeurs qui s’éclairent encore à la bougie et pour ceux qui sont déconnectés de la planète grimpe, St-Léger ce sont des centaines de voies de part et d’autre d’une rivière, de longues envolées déversantes aux voies plus courtes et verticales exposées à toutes les orientations, permettant en faisant la girouette d’y grimper toute l’année.
En plein hiver, le soleil de midi qui nous fait cuire comme des poulets prend toutefois vite la poudre d’escampette contraignant même les plus récalcitrants à passer en mode bonhomme Michelin dès que l’ombre gagne la falaise.
A quelques encablures de St‑Léger, une falaise équipée plus récemment à ne pas manquer est celle de Mollans-sur-Ouvèze qui possède également de quoi ravir tous les amateurs de combat gravitationnel avec des voies très variées tantôt truffées de colos bien crochetantes, tantôt de réglettes tranchantes qui n’auront pas manqué de conserver un souvenir douloureux de la peau de nos doigts. La cerise sur le gâteau, schlarpettes aux pieds et peignoirs de bain, les jours de repos passés aux bains thermaux de Malaucène à quelques kilomètres de Mollans auront bien soulagé nos muscles bien farcis.
Au niveau des perf’, trop impatiente de dévorer les mètres pour me mettre dans de gros projets, je réalise tout de même de belles ascensions dans le 8ème degré, notamment les 8b Beau Gosse (Lourmarin), Classe Croûte (Mollans), Praniania et Abrège Nief (St-Léger), Délirium très pince 8a+ (Mollans) et quelques 8a par-ci par-là. Rien de mirobolant à noter sur la calculette mais de quoi se remettre en selle et ressentir à nouveau un super feeling dans les mouvements et la confiance jusqu’au bout des doigts.
De l’autre côté de la corde, Jim malgré sa cheville attelée à la Robocop gratte un peu plus l’écart qui nous séparait et me suis de près dans mes ascensions !
Après avoir vu danser mes guiboles dans la voie Praniania, il s’élance à son tour à sa conquête. Deux mouv’ blocs de Terminator dans la première partie de la voie suivis d’une sortie en dalle où il ne faut pas hésiter à engager la viande sur plusieurs mètres, quelques récitations du « Nôtre Père » et 4 jours plus tard le relais est clippé par Jim qui empoche sa seconde 8b. Champagne !
7 janvier 2016. Nous décidons de continuer notre route vers l’Espagne. Malgré les réveils avec le brushing aplati, les séances de démaquillage à la frontale et les soirées autour du feu en mode esquimaux, ce premier mois de voyage fût magnifique. J’ai passé le cap de la nouvelle année et par la même occasion de mes 25 printemps (ou plutôt 25 hivers) de la plus belle des manières, entourée de personnes formidables et en faisant ce que j’aime le plus. Quel cadeau !
J’adresse un merci tout particulier à nos amis Læti et Julo pour leur bonne humeur et leur compagnie ainsi qu’à tous ceux qui nous soutiennent dans notre voyage !
Que l’aventure continue !