Adéu Catalunya, nous mettons plein gaz direction l’Andalousie, plus précisément à Villanueva del Rosario qui dissimule dans ses terres, la fameuse grotte de Chilam. A notre arrivée, les amandiers sont en fleurs et les rayons du soleil effleurent agréablement notre peau. Ce trip commence presque à prendre un air de vacances.

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Malheureusement, grosses erreur tactico-stratégique de notre part, les pluies diluviennes des dernières semaines ont complètement détrempé la falaise. Pas besoin de consulter les planètes pour conclure qu’il est impossible de grimper sans un masque et un tuba. Par chance, l’immense grotte d’Archidona ne se trouve qu’à quelques kilomètres de là (lorsqu’on ne louche pas dans la lecture du topo bien sûr). Quelques détours et crêpages de chignon plus tard, nous voilà au pied de notre nouveau terrain de jeu : une immense grotte avec pour seule compagnie pour taper la conversation des dizaines de piafs roucoulant de bonheur. Nous passons une journée à défier toutes les lois de la digestion avant de regagner le parking éreintés, trainant les pieds dans une allure digne d’un épisode de The Walking Deads afin de nous remettre en route en direction de Jaén.

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A quelques kilomètres à peine de l’excitation et des tentacules de la ville, nous pénétrons une vallée qui semble coupée du monde. Des centaines d’oliviers défilent derrière notre pare-brise et s’étendent à perte de vue. Arrivés au pied d’une colline en haut de laquelle se dressent les vestiges du château d’Otinar, nous sortons enfin de notre carrosse.

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L’air sent la rosée. Nous traversons la vallée qui a subi quelques années plus tôt un baby boom de moutons hurleurs, avant de découvrir une belle falaise déversante ciselée de longues colonnettes oscillant entre le bleu et l’ocre. Pas la peine de harceler les moutons du coin, nous sommes au bon endroit. Pas un lascar à la falaise, nous ne croisons lors de notre séjour pour seule compagnie humaine qu’un peloton de cyclistes du dimanche, haut-parleur ballottant au bout de leur engin papotant et pédalant fièrement au rythme de la musique de « Eyes Of the Tiger ».

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Bercés par le doux bêlement incessant d’un gang d’une cinquantaine de moutons, les claquements de langue et les cris de cowboy du berger, nous grimpons des voies très exigeantes où le mode supercrabe doit rapidement être activé pour pincer ces colonnettes afin d’éviter l’agonie fatale. D’apprenti Padawan le premier jour, nous passons vite à Maître Jedi des colonnettes et portés par les bêlements d’encouragement de nos nouveaux potes de falaise, Jim enchaîne deux 8a alors que je sors rapidement de jolies 8a+, 8b et 8b+.

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Ayant encore un peu de temps avant notre retour en Suisse et un supplément « météo-pourrie » s’abattant soudainement sur l’Andalousie, nous en profitons pour retourner en Catalogne et retrouver l’effervescence qui anime les sites de grimpe de la région. Au menu, de la grimpe a muerte, la rencontre de nouveaux visages et les retrouvailles avec les anciens, nous vécurent grimpeurs et eurent beaucoup de plaisir.

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Ma forme qui semble avoir subi un véritable réveil astral n’avait plus été aussi bonne depuis bien longtemps, le feeling sur les prises est incroyable et me permet de cocher de nombreuses 8b et 8b+ ainsi que la 8c T1 – Full Equip en quelques essais à Oliana. Jim bien en canne également, se hisse en haut de Pati Pa Mi à Siurana, sa 3ème 8b du voyage !

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Photo : Juliet Leonova

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Photo : Juliet Leonova

Envie de pousser le vice un peu plus loin, nous terminons notre séjour par un détour à Santa Linya, la grotte gargantuesque que nous avions visitée en janvier passé. Avec une marche d’approche expresse qui permet de serrer les prises 3 minutes après avoir fini son bol de céréales et les beaux jours qui sont arrivés, de nombreux grimpeurs et leurs marmots ont fait le déplacement rendant l’atmosphère plus chaleureuse qu’à notre première visite (en bref ça hurle et ça aboie de plus belle).

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Photo : Jan Novak

Dans cette ambiance couche-culotte en folie, je décide de me lancer dans La Fabela 8c+, une variante de la 8c que j’avais enchaînée deux mois plus tôt. La progression est rapide et je tombe à trois reprises à quelques mètres du sommet de la voie, mes petits bras de T-Rex n’arrivant pas à bloquer suffisamment pour atteindre une prise un peu éloignée. Assez confiante que le prochain run sera le bon, nous décidons de rester un jour de plus afin de pouvoir tenter une dernière fois ma chance.

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Photo : Jan Novak

Cependant, dans un cou du sort aussi improbable que d’assister un jour à un défilée de licorne, nous nous réveillons sous un épais manteau de neige qui a recouvert la région pendant la nuit et trempé toute la grotte pour plusieurs jours. La frustration de ne pas avoir pu donner le meilleur de moi-même une dernière fois et de voir mon but me glisser entre les doigts me laisse un goût d’amertume au fond de la gorge. Mais finalement, quelle importance ?

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L’escalade n’est au final qu’un jeu. Et même si notre vie est conduite par des objectifs, penser qu’on ne peut évoluer sans les atteindre, que le succès réside uniquement dans l’accomplissement, nous mène trop souvent à la frustration et à l’échec. Le progrès se trouve également dans le processus.  Ma chance se représentera une autre fois.

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Photo : Jan Novak

Notre trip touche à sa fin. Bien que cette fois nous n’ayons pas visité le canyon le plus grand du monde, observé les animaux sauvages de la savane africaine ni grimpé en dessus d’une plage de sable blanc, c’est parfois quand il n’y a rien qu’il en ressort l’essentiel. Sans schéma, nous avons simplement vécu l’instant. Parce que la vie est éblouissante et les perspectives infinies.

J’aurai expérimenté de nouvelles émotions et certainement appris à lâcher du lest. Quitter ce désir de contrôle permanent, ne pas planter les freins devant l’inconnu mais au contraire essayer de gagner en trajectoire dans le mouvement.

Retour à notre douce routine. Pas celle qui s’apparente à de la monotonie mais celle qui permet de se retrouver près de visages familiers qui nous ont manqué, dans son chez soi ou rien ne se passe car tout est à sa place.

La route brille sous la lumière d’une nouvelle journée. Nous sommes arrivés.

 

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Merci à tous ceux qui ont suivi notre trip, à nos familles et amis, à vos messages, à vos attentions. Merci à mes partenaires la Banque Cantonale du Jura, Mammut, Scarpa pour leur soutien fidèle. Merci à tous ceux qui ont partagé un bout de voyage avec nous, à vos sourires et à vos rires. Et enfin merci à Jim d’avoir immortalisé ces moments de bonheur et d’avoir rendu ce trip si exceptionnel !

Que l’aventure continue !

Katherine

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