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After climbing for some twenty years on single-pitch routes and in competitions, I needed some new challenges. This was why in 2021, I started tackling some difficult big multi-pitch routes. In 2023, after having climbed several of them, including “Hattori Hanzo” 8b+ max (280 meters) and “6.4 Sekunden” 8b+ max (170 meters) I felt ready to finally attempt the impossible: Fly.
What I like about rock climbing is that there is no room for competition. The challenge is just to compete against yourself and go the extra mile. Feeling that your body and mind are in perfect harmony to accomplish feats you never thought you’d be capable of. That need to draw on resources you had no idea you had, to find solutions to the complex problems the rock throws up and to carry on believing when nothing seems possible anymore. When the game comes so close to the limits of our performance, it is above all, the support of your partner that allows you to reach the summit. The adventure experienced together, emotions such as fear and doubt but also joy; the moments of complicity and self-improvement, bind you together in a very special way and fill your memory with unforgettable moments. I never feel alone in my challenge which is why, for this project, I needed the person whom I trusted the most, my partner Jim Zimmerman.
Climbing as a twosome is the best therapy you can hope for! When faced with difficulties, you have to learn to communicate, to express your thoughts clearly but constructively. Perched 500 meters up, you can’t just yell at your partner or stop talking to them. You have to find a solution together to overcome the obstacles and reach the summit.
During our first climbs on Fly, every movement was extremely difficult, and I was as close to linking them together as I was to going to a unicorn parade one day. But day by day, our technique improved, we began to master the movements until we were ready to start a full attempt.
After beginning to climb at 6.30 a.m. the first day we had climbed the first 16 pitches (mainly between 7b and 7c+) as well as the 17th pitch (8b) just before nightfall! Our plan was to sleep on a portaledge and then to climb the last 3 pitches, which were the most difficult, on the second day.
When I woke up, my exhausted body begged me to give up. Doubt settled in. For one moment, I felt the urge to give up. But Jim found the words to support me and to give me the strength to give it my all. I attempted the crux for the first time (19th pitch 8c) and I fell at the first difficult section. No panic, I still had a little strength for a final attempt. I went into my bubble for an hour’s rest and got rid of the pressure pressing down on me and regained my confidence. When I started that pitch again, as soon as I made the very first movements, the fear vanished. It was just the wall and me. I passed the first crux but I could feel my arms about to explode. I carried on, battling the urge to let go with each movement, shaking out my arms after each grip. I found myself at the last crux, a few meters from the belay. My belief in it was so strong, I felt Jim’s words of encouragement, I gave it all I had left… And I fell, one quickdraw from the belay. The disappointment and frustration at having come so close to my goal, but failing, was immense. The following weeks, rain poured down on Switzerland, leaving me no opportunity to try again.
I feel I have to accept the possibility that I will not be able to accomplish my project this year. Maybe I never will? When I step out of my comfort zone and set off on an “impossible” challenge, the fear of failure sometimes makes me lose the confidence I have in my abilities, a feeling of vulnerability makes me question the meaning of what I am doing. Why invest so much time and energy and end up not “bringing home the trophy”? This little voice worms its way into my mind: Have I set my sights too high? Do I have sufficient resources?
Embarking on a difficult project is a sometimes complicated process that pushes you into exploring your emotions. The way I manage this pressure is to bear in mind that, in the end, climbing or not, I do this because climbing makes me happy. And then the magic of a project, the true challenge, is when you’re not sure if you can do it in advance, when it even seems impossible at first. This path has taught me to cope with the frustration of not always achieving my goal quickly and to keep my self-confidence. The success of this project is above all, that I have been challenged, have strengthened the bond with my partner through incredible memories, and I have thoroughly enjoyed myself. So I’ll be back!
A big thank you to my partner Jim. Without him, nothing would have been possible. To Nicolas Falquet for climbing meters and meters to capture our adventures, to my sponsors and to the openers of these 3 exceptional routes (Roger Schäli, Michel Pitelka, Markus Iff, Bernd Rathmayr, Mäx Grossman, Stephan Eder et Matthias Trottmann).
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« Fly » : 550m, 20 longueurs dont 3 longueurs cotées 8b, 8c et 8b+, au sommet de la voie bien entendu… Rien qu’à voir ces chiffres, on en a le vertige. Mais malgré sa difficulté apparente, cette voie m’a toujours fascinée.
Pratiquant l’escalade depuis une vingtaine d’années en couenne et en compétitions, j’avais besoin de nouveaux défis. C’est pourquoi en 2021, j’ai commencé à m’attaquer à des grandes voies difficiles. En 2023, après en avoir enchaîné plusieurs dont « Hattori Hanzo » 8b+ max. (280m) et « 6.4 Sekunden » 8b/+ max. (170m), je me sentais prête à enfin tenter l’impossible : Fly.
Ce que j’aime en falaise, c’est qu’il n’y a pas de place pour la compétition. Le challenge est uniquement de se surpasser et de donner le meilleur de soi. Ressentir son corps en parfaite osmose avec son esprit pour accomplir des exploits dont on ne se croyait pas capable. Cela nécessite de puiser en soi des ressources insoupçonnées, trouver des solutions aux problèmes complexes dictés par la roche et continuer d’y croire quand plus rien ne semble possible. Quand le jeu flirte de si près avec les limites de nos performances, c’est avant tout le soutien du partenaire qui permet d’atteindre le sommet. L’aventure vécue ensemble, les émotions comme la peur, le doute mais aussi la joie, les moments de complicité et de dépassement de soi, nous lient d’une manière particulière et imprègnent notre mémoire de moments inoubliables. Jamais je ne me suis sentie seule fasse à mon défi. C’est pour cela que j’avais besoin pour ce projet de la personne en qui j’ai le plus confiance, mon partenaire Jim Zimmermann.
Grimper en couple est la meilleure thérapie que l’on puisse espérer ! Face aux difficultés, il faut apprendre à communiquer, à exprimer clairement sa pensée mais de manière constructive. Perché à 500m de haut, tu ne peux pas juste hurler contre l’autre ou ne plus lui parler. Il faut trouver une solution ensemble pour surmonter les obstacles et atteindre le sommet.
Lors de nos premières montées dans Fly, chaque mouvement était extrêmement difficile à exécuter et j’étais aussi proche de les enchaîner que d’assister un jour à un défilé de licorne. Mais jour après jour, notre gestuelle s’améliorait, nous apprivoisions les mouvements et progressions jusqu’à être prêts à tenter un enchaînement.
Commençant à grimper à 6:30 du matin, nous avons enchaîné le premier jour les 16 premières longueurs (principalement entre 7b et 7c+), ainsi que la 17ème longueur (8b) juste avant la nuit ! Notre plan était ensuite de dormir sur un portaledge puis de grimper les 3 dernières longueurs, dont les plus difficiles, le deuxième jour.
Au réveil, je sens mon corps épuisé qui me supplie de renoncer. Le doute s’installe. Un instant, je me laisse submerger par l’envie d’abandonner. Mais Jim trouve les mots pour me soutenir et me donner la force de tout donner. Je me lance une première fois dans la longueur clef (19ème longueur, 8c) et tombe dans la première section difficile. Pas de panique, il me reste un peu de force pour un dernier essai. J’entre dans ma bulle pendant une heure de repos pendant laquelle je calme cette pression qui m’oppresse et regagne confiance en moi. Quand je repars dans cette longueur, dès les premiers mouvements, la peur s’envole. Il n’y a plus que le mur et moi. Je passe le premier crux, mais je sens que mes bras sont explosés. Je continue, me battant sur chaque mouvement contre l’envie de lâcher, secouant les bras sur chaque prise. Je me retrouve dans le dernier crux, à quelques mètres du relais. J’y crois tellement fort, je sens les encouragements de Jim qui me portent, je donne toute la force qu’il me reste…Et je tombe, à une dégaine du relais. La déception et la frustration sont immenses d’avoir touché des bouts des doigts mon objectif sans pouvoir le concrétiser. Les semaines suivantes, la pluie s’abat sur la Suisse, ne laissant aucune chance de tenter un nouvel essai.
Je sens que je dois accepter la possibilité de ne pas réussir mon projet cette année. Peut-être même que je n’y arriverai jamais ? Quand je sors de ma zone de confort en me lançant un défi « impossible », la peur de l’échec provoque parfois une perte de confiance en mes capacités, un sentiment de vulnérabilité qui me font me questionner sur le sens de mes actes. A quoi bon investir autant de temps, d’énergie et ne pas être capable de « ramener la croix » ? Cette petite voix s’immisce alors dans mon esprit : Ai-je visé trop haut ? Ai-je les ressources suffisantes ?
Se lancer dans un projet difficile est un processus parfois compliqué qui pousse à explorer ses émotions. Ma manière de gérer cette pression est de me rappeler qu’au final, enchaînement ou pas, je fais cela parce que l’escalade me rend heureuse. Et puis la magie dans un projet, le vrai challenge, c’est quand on n’est pas sûr d’y arriver à l’avance, quand il paraît même au début impossible à réaliser. Cette voie m’aura appris à gérer la frustration de ne pas toujours atteindre mon but rapidement et de garder confiance en moi. La réussite de ce projet, c’est avant tout de m’être challengée, d’avoir enrichi la relation avec mon partenaire d’incroyables souvenirs et de m’être vraiment amusée. Et puis, je reviendrai !
Un grand merci à mon partenaire Jim sans qui rien n’aurait été possible, à Nicolas Falquet pour avoir jumaré des mètres et des mètres pour suivre nos aventures, à mes sponsors, et aux ouvreurs de ces 3 grandes voies d’exception (Roger Schäli, Michel Pitelka, Markus Iff, Bernd Rathmayr, Mäx Grossman, Stephan Eder et Matthias Trottmann).